bleumarie

vendredi 14 août 2009



Chers visiteurs,
J'avais pensé aller déposer un petit coucou avant de partir pour deux semaines les yeux dans le bleu, mais mes valises ne sont pas encore bouclées. Il est déjà 22h30 et la chaleur des derniers jours m'a anéantie !
Alors un grand coucou général fera t'il l'affaire ? Je l'espère...
Je ne vais pas loin de chez moi, du côté de Perpignan. Mais je serai loin de vous puisque sans internet.
Je vous souhaite de partir aussi, ou d'avoir déjà pu partir pendant ces deux mois d'été.
Douces pensées, merci pour vos coms, à vous de la grande famille d'orange... et puis aux autres aussi bien sûr.
Retour sur la base le 29 août. Mais il me faut toujours un peu de temps pour "atterrir". Puisque je vais vivre deux semaines entre eau et ciel !
Bizzzzz

P.S : Au fait, tout en bas de la page, il y a un diaporama "surprise" !... et n'oubliez pas que vous pouvez toujours voter pour moi en cliquant sur le petit logo cosmopolitan en haut et à droite de votre écran. Merci beaucoup !

mardi 11 août 2009

La sieste !

Il s'en passe de drôles dans cette rue là, vous pouvez me croire, j'en parle en spécialiste !




"La sieste de Klark" de Pa Gillet

Le mot SIESTE vient du latin "sixta" qui signifie "la sixième heure du jour".













La sieste désigne ainsi le sommeil pris en milieu de journée, vers la sixième heure du jour, mais aussi, plus généralement, toute forme de repos (avec ou sans endormissement) pris en cours de journée par opposition au sommeil de la nuit.

Couple sur la plage de Juan-les-Pins de Brassaï ~ 1934



Je ne suis pas méditerranéenne pour rien. Toujours, y compris durant les longues années où j'ai pu habiter ailleurs que dans le Sud, j'ai connu à la fois la douceur et les affres de la sieste.
La douceur quand je pouvais me laisser aller à mon pêché mignon, et les affres quand, pour une raison ou pour une autre, je me devais de résister à la torpeur qui m'envahissait.

Intérieur à Nice d'Henri Matisse 1922







Je fais la sieste l'été, je fais la sieste l'hiver, après ou avant le repas (en général je ne mange pas le midi)... J'ai menti pour faire la sieste, j'ai rusé, j'ai failli ne jamais me marier (mon futur mari voulait me prouver que je pouvais me passer de faire la sieste!) pour continuer à faire la sieste ! D'ailleurs si j'avais écouté les appels au secours de mon corps en manque de sieste, je ne me serais pas mariée et bien entendu, je ne serais pas divorcée ! Enfin, personne n'a vraiment pu m'empêcher de faire la sieste - ou presque ...




Car comme tout le monde le sait, il y a sieste et sieste. La sieste coquine précède généralement la sieste tout court. Et comme c'est bon !
Quand je travaillais en-dehors, j'arrivais à rentrer chez moi et à dormir environ une heure. Mes collègues voyaient immédiatement les jours où je n'avais pas fait la sieste... L'oeil éteint, le dos voûté, ma tête dodelinant sur mes épaules comme celle des toutous qu'on mettait à l'arrière des voitures autrefois... Les pas chancelants ... Et si par malheur j'ajoutais à cela une petite demi-heure de lecture à haute voix par mes élèves de CE1, c'était la catastrophe !
Je m'endormais, je baillais à m'en décrocher la mâchoire, des larmes coulaient sur mes joues à force de bailler, bref je montrais là un exemple à ne surtout pas suivre !
Quand je partais (chaque année) en classe de mer, la sieste était obligatoirement au programme ! Les enfants devaient rester tranquilles dans leur chambrée pendant une bonne heure et demi, les mamans qui m'accompagnaient savaient qu'à ce moment là, c'était à elles de prendre la relève pour surveiller les enfants qui ne dormaient pas.
J'allais dans ma chambre, je mettais mes bouchons d'oreilles et, comme toujours, la tête sur l'oreiller, je m'enfonçais dans un sommeil apaisant.

Maintenant que je travaille depuis chez moi, je fais de vraies siestes. Celles qui me correspondent le mieux et qui respectent le plus mon biorythme. Elles durent entre une heure trente et deux heures. Si je suis très fatiguée, je peux même dormir trois heures, ou bien faire une sieste le matin et une sieste l'après-midi !
Je me suis aperçue, en notant mes heures de sommeil que, malgré tout, je ne dormais "que" huit heures sur la journée. Ce qui m'a étonnée. Bon, il m'arrive aussi de somnoler : dans une salle d'attente, devant la télé ... Mais la durée moyenne de mon sommeil reste sagement aux alentours de huit heures.

Nap time de Michele Nagle


J'aime la sieste. J'aime ce sentiment parfois qui m'envahit et me donne l'impression de braver un interdit (surtout en dehors de la période des vacances d'été). J'aime la fraîcheur des draps sur mon corps nu (je ne reste jamais habillée pour la sieste). J'ai la sensation de ronronner de plaisir à l'idée de m'évader du monde des éveillés.


Naptime de Ryan Aldrich
Je fais toujours mes plus beaux rêves pendant la sieste. Et c'est aussi là que je m'en souviens le mieux ! C'est toujours étrange cette plongée dans le sommeil, accentuée par le fait que je mette mes bouchons d'oreilles (uniquement pour la sieste et pas la nuit). Je suis dans une bulle, je n'entends plus qu'un brouhaha lointain, et je commence tout doucement m'endormir. Je dis tout doucement mais en fait, je ne me rends absolument pas compte que je m'endors. Je ne suis jamais dans l'attente de l'endormissement diurne, je crois même que je m'endors dès que ma tête a touché l'oreiller.

Winter nap de Paolo Nigris


Voilà, vous me connaissez mieux maintenant... Vous savez que si je ne réponds pas au téléphone durant "la méridienne", c'est que je n'entends pas la sonnerie... Toute ma vie s'organise autour de ma sieste. Je ne prends jamais de rendez-vous en début d'après-midi (sauf si obligation absolue), et l'idée même d'être privée de sieste m'est insupportable !




La siesta dite aussi La sieste de Denis Foyatier 1848

J'ai manqué des repas de famille à cause de la sieste, des rendez-vous sans doute importants... Mais pour me faire pardonner, au moins dans le cas des repas de famille, j'arrive pour le dessert. Et généralement, alors que je suis joyeuse et fraîche, je trouve des gens un peu apathiques, un peu atones, rendus mous par manque de sieste ! Car même par chez moi, on en trouve toujours qui ne savent pas faire la sieste, car la sieste est un art ! Et l'Art a souvent parlé de sieste !...



The Nap de Georges Lemmen ~ 1906

Les demoiselles du bord de la Seine de Gustave Courbet

Le Sommeil d'Alphonse Eugène Lecadre ~ 1872
Le vieux Chef ivoirien de Jean Bouchaud ~ début 20ème siècle





Siesta de Thomas Hans ~ 1889











Le pays de cocagne de Pieter Brueghel Le Vieux ~ 1567















La sieste de Paul Gauguin ~ vers 1892/1894














La sieste de Gustave Caillebotte ~ 1877











Regardez la tête de la demoiselle, pensez-vous vraiment qu'elle a raison de ne pas faire la sieste ??? Moi, j'ai de gros doutes !...
Les foins de Jules Bastien-Lepage ~ 1877


Pastorale de Mikhail F. Larionov ~ 1911

The Afternoon Nap de William Edward Millner ~ fin 19ème siècle



Faites la sieste où vous voulez, comme vous voulez ...
mais évitez de vous faire photographier pendant
que vous vous adonnez à ce "petit plaisir",
certain(e)s d'entre nous ne sont vraiment
pas "glamour"quand ils dorment !











(lui, c'est un malin !)
Désert blanc de David Rombaut











Toute en retenue et en discrétion, du grand ART que cette sieste là !
Sieste à Hanoï de Shane Marquand












Une finaude ! Elle ne s'endormira pas tant que le photographe sera dans les parages ! Son mari, quant à lui (tout à droite de la photo) ne se donne pas tant de peine... et il a bien raison !
Femme allongée sous un arbre dans le jardin de Paul Burty Havilande ~ début 20ème siècle







Pas vu, pas pris ? Ben si, y'a ton pied qui te trahit !
I went to see a construction site and i found these gentlemen taken a nap in their hammocks de Jorge Angel Gonzalez Freyre









Pas vraiment gracieux, mais lui ne gobe pas les mouches, comme celle de la photo ci-dessous !









Ben voilà ! Depuis, elle est devenue blonde, elle porte des lentilles bleues, et se fait appeler Loana...
Exhausted de Nico Gerbo















Pour piquer un roupillon tranquille, quoi de plus fûté que d'aller dans une bibliothèque et de prendre un gros livre qui fait sérieux ? Mon conseil (qui, je le rappelle est basé sur du vécu !), ne surtout pas ronfler, car là, on se fait virer direct et il faut se faire teindre en blonde, porter des lentilles bleues et se faire appeler Loana ! Enfin pour lui, on appliquera le plan B (pour chauves).
Lecteur endormi de Gisèle Freund ~ 1937








Il faut savoir prendre des risques, et puis ne dit-on pas "Au Portougal, la sieste n'a pas d'égal" ?
Nazaré Portugal d'Edouard Boubat ~ 1956




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Extrait du Dictionnaire De La Conversation Et De La Lecture (collectif) ~ 1838
SIESTE (dérivé du mot espagnol sies- ta et du verbe sestear), signifie faire la méridienne ou dormir après midi. En Orient, en Espagne , en Italie, dans tous les pays chauds, le mot sieste indique d'une manière générale le temps qu'on donne au sommeil pendant la journée. Toutefois nous ferons observer que dans la plupart de ces pays, le dîner ayant lieu vers le milieu du jour, le mot sieste indique d'une manière précise l'action de dormir après dîner.
— Les sueurs abondantes qu'on éprouve dans les climats chauds, donnant habituellement lieu à une déperdition considérable des forces et à un affaiblissement relatif de l'estomac, les digestions deviennent laborieuses, et appellent vers cet organe une somme de vitalité qui se trouve alors en moins dans les autres parties du corps, ce qui cause un engourdissement général des muscles , rend la tête pesante et toutes les fonctions languissantes.
De là résulte cet affaissement qu'on éprouve surtout après le repas du jour et qui provoque au sommeil. Sous ces latitudes chaudes, hommes et animaux cèdent également à ce besoin de repos et de sommeil qui se fait sentir durant les premières fatigues de la digestion. Nous pourrions même dire que l'état léthargique
qu'éprouve le serpent aussitôt après avoir avale sa proie constitue le type le plus prononcé de ce que nous appelons sieste.
Cette nécessité de dormir après le repas devient parfois si impérieuse, surtout chez les Orientaux, que, durant mon séjour en Egypte et en Syrie, j'ai vu de pauvres ouvriers refuser un salaire élevé plutôt que de se priver de leur sieste.
Dans ces contrées, toute politesse , tout devoir cède à l'urgente nécessité de dormir après dîner. Un jour d'été, me trouvant invité à dîner chez des dames grecques, dans l'île de Chypre, je fus étrangement surpris de voir les convives me laisser seul, au sortir de table, pour aller goûter l'indicible bonheur de la sieste.Une demi heure après, je les vis tous rentrer au divan, les uns bâillant encore, les autres s'essuyant le front et présentant l'aspect de gens qui viennent de dormir. Le danger même d'une position périlleuse ne suffit pas toujours pour soustraire à cet irrésistible besoin de la sieste. Parfois , j'ai rencontré dans les déserts des Arabes égarés par suite d'une sieste intempestive ou trop prolongée, durant laquelle ils s'étaient trouvés séparés de leur caravane.
Un Espagnol, de mes amis, éprouvait un tel besoin de dormir après avoir dîné que rien au monde ne pouvait l'y soustraire ; la sieste seule pouvait endormir son humeur jalouse. J'ai connu un chef de Bédoins qui était si enclin à dormir après ses repas, qu'il lui arrivait souvent de faire la sieste malgré la course rapide de son cheval ou le trot si incommode de son dromadaire. Il m'a également assuré que, lorsque les lions dévorent leur proie durant l'après- midi, ils éprouvent un si grand penchant pour le sommeil, qu'on peut alors les approcher d'assez près pour leur tendre des pièges et les combattre avec moins de danger.
Enfin, le besoin de dormir après midi est si grand dans les pays chauds, que, d'une heure à trois, les rues sont presque désertes et les maisons silencieuses comme de vraies solitudes.
— D'après les faits que nous venons de mentionner et les explications qui s'y rapportent, il est facile de comprendre que la sieste ou la méridienne sont évidemment inhérentes à la constitution des peuples du midi ; tandis que, dans nos contrées tempérées, la sieste n'est guère en usage que parmi de riches paresseux et dans quelques classes d'ouvriers dont les rudes travaux réclament un sommeil réparateur vers le milieu de la journée. Toutefois, il importe de faire observer que, si le sommeil diurne est nécessaire dans les pays très chauds et parfois utile dans nos climats d'Europe, l'abus qu'on en peut faire prédispose à certaines maladies , telles que la pléthore sanguine ou humorale , l'obésité , les congestions cérébrales et l'apoplexie même. Les personnes qui se livrent habituellement à un sommeil prolongé durant le jour ne tardent pas à éprouver un allanguissement des facultés intellectuelles qui peut conduire jusqu'à l'hébétude. Le sommeil nocturne suffit en général pour réparer les pertes de la veille ; y joindre le sommeil diurne , c'est s'éloigner du but assigné par la nature et vouloir encourir la plupart des graves inconvénients que nous venons de signaler. Le sommeil durant la nuit est toujours plus calme et plus réparateur que celui que l'on prend durant la journée. Or, comme la prolongation de la sieste n'a ordinairement lieu qu'au détriment du sommeil de la nuit, nous ne saurions trop recommander de suivre autant que possible la loi naturelle, qui assigne la nuit pour le sommeil et le jour pour le travail.

Dr L. Larat.

Comme je vous plains, chers lecteurs blogueurs habitant au Nord des Pyrénées Orientales, car si l'on en croit ce très sage docteur Larat, il n'y a qu'au Sud, dans les contrées chaudes qu'on
puisse prétendre à la sieste, sans passer pour un paresseux !
Et puis rassurez-vous, depuis la parution de cet ouvrage (1838), il y a eu beaucoup d'autres médecins qui se sont penchés sur cet appel exigeant et intransigeant de notre corps au repos. Vous trouverez bien, en cherchant, quelque article qui vous donnera bonne conscience en vous laissant aller à dormir un peu, en début d'après-midi.
Et puis si vous êtes dans le Sud pour les vacances, prenez le rythme de chez nous, tout simplement !

Sieste cochonne, sieste crapuleuse, ou encore appellée "Café des pauvres"
Photographie Luc H.

Sieste à Marrakech
Photographie de Christian Bazin

lundi 3 août 2009

Regards d'Art . . . Le vrai, le faux, Le laid, le beau, Le dur, le mou, La p'tite joufflue, La grande ridée ...




Gaïa de Jean -Yves Simon


Ugliest painting (artiste inconnu)




Buste de grosse femme (artiste inconnu)

A l'instar des magazines de mode, beaucoup d'artistes ont voulu rendre hommage à la beauté. Mais la beauté n'est pas figée, ses critères changent ; selon les époques, les pays, et bien entendu selon les individus ...
On connaît bien par exemple la représentation préhistorique de ces "Vénus" sculptées, femmes très opulentes, aux hanches larges, au ventre rebondi et aux cuisses très fortes. Ces critères étaient fort appréciés en des temps anciens et, il faut bien le reconnaître, surtout pour des raisons très pragmatiques.

Statuette de femme nue soutenant ses seins ~ 2ème millénaire av. J-C

Figurine féminine ~ 4500 ans av. J-C

Sculpture ~ 350-320 av. J -C

Durant toute la préhistoire, les femmes aux très larges hanches étaient la garantie pour l'espèce humaine de pouvoir se perpétuer. Les femmes trop étroites de bassin mouraient en couches, tandis que les autres donnaient la vie plus facilement. A une époque où il n'était pas question de césarienne, il est évident que les hommes cherchaient avant tout une femme féconde, qui présentait les meilleures garanties pour mener à bien leur(s) grossesse(s).
C'est donc tout naturellement que les premiers artistes ont choisi de représenter ces "Vénus" avec les caractéristiques énoncées ci-dessus.

Femme nue tenant un enfant ~1400 av. J-C

Femme tenant un enfant au berceau ~ 2000 à 1600 av. JC

Figurine féminine dite "Vénus" ~ 2500 av. JC

Femme au châle de Patricia Hervé

Dans le Vent de Patricia Hervé

Femme assise de Patricia Hervé

Contrairement à l'idée largement répandue, il n'est pas vrai que - de nos jours - la majorité des hommes préfèrent les femmes minces.
Vous connaissez le proverbe ? Un homme aime être vu au bras d'une femme mince, mais c'est avec une grosse (le terme ne me choque pas, je suis grosse mais je me contrefiche du terme employé sauf quand il est clairement méchant) qu'il se retrouvera au lit !
C'est là tout le problème de notre société où quelques créateurs homosexuels (Je n'ai rien contre les homosexuels ! C'est une constatation. . .) imposent leur vision d'une femme androgyne, mi-femme mi-garçon, et dont les courbes qui signent la féminité auraient été gommées. Du coup, ce sont ces images de femmes "idéales" que vous retrouverez dans les magazines et qui vont s'imposer comme étant celles de la beauté.
On sait maintenant que de nombreuses femmes mannequins deviennent anorexiques. Stressées par l'épreuve de la balance et surtout de l'IMC (Indice de Masse Corporelle) - elles vont jusqu'à se faire vomir. Ces femmes souffrent dans leur tête et dans leur chair, tout comme, à l'opposé, les rondes qui ne s'acceptent pas et qui font également n'importe quoi pour maigrir !

Heureusement, les choses changent. Mais elles changent très lentement !
Ainsi, je m'interroge sur les peintures colorées de Patricia Hervé (au-dessus). Les femmes de ses tableaux sont rondes, semblent à l'aise dans leur corps. Mais alors pourquoi gardent-elles obstinément les yeux baissés ? Est-ce parce qu'elles exposent déjà tellement leur corps qu'elles dérobent leur regard ? L'artiste éprouve t-elle une certaine honte pour ces modèles, est-elle ronde elle aussi et est-ce ainsi qu'elle se voit ? En apparence tout va bien, tout est couleur, mais le regard est intérieur, comme si la beauté l'était aussi... On connaît bien cette phrase qui dit que ce n'est pas la beauté du corps qui importe, mais plutôt la beauté intérieure. Mais on sait bien aussi que c'est une phrase préfabriquée pour consoler les femmes ... et les hommes qui n'ont pas été gâtés par Mère Nature ! Et puis comme dans l'Art, on peut être laid(e) pour quelqu'un mais beau ou belle pour une autre personne ...

Bacchus de Rubens : la rondeur du bon vivant, amateur de bonnes choses !

Ginnasta d'Aferrari Dambros : La rondeur épanouie et nonchalante ...

Benefits Supervisor Sleeping, 1995 par Lucian Freud : l'obésité triste ...

Emile Bernard (1868-1941) 3 nymphes après le bain : Les rondeurs sensuelles ...

En parlant de Mère Nature, Gaïa, remarquez-vous combien elle est gironde, fertile, féminine, offerte aux regards (image en haut de l'article).
Je ne confonds pas l'obésité avec la fertilité. Avec l'avancée de la médecine, on sait que ce n'est pas une garantie de fertilité que d'être grosse. C'est une idée, comme je l'ai expliqué plus haut, qui nous vient des premiers humains. L'obésité reste une maladie. Mais comme il est bon de voir nos courbes, habituellement décriées, longuement admirées dans les Musées ! Je pense à un artiste contemporain, Botero, et tout naturellement je me souviens d'une certaine "croisade" que nous avions menée tambour battant par l'intermédiaire de nos blogs orange. Le but était de publier quasi en même temps des oeuvres de Botero, qui se retrouvaient sur "le mur d'images" d'orange (car orange faisait transiter par son mur d'images toutes les photos qui passaient en Une dans un article à l'heure H). Ce fût un de mes meilleurs souvenirs des blogs orange.
Nous en avions un peu assez de ceux qui publiaient en Une des photos de femmes très dénudées et très aguicheuses, pour attirer "le chaland" sur leur blog. Car lorsque l'envie vous prenait de cliquer sur la petite vignette du mur d'images, vous vous retrouviez aussitôt propulsé(e) sur le blog qui avait publié la photo de Une.
Ainsi donc, en soirée, il n'y avait pratiquement que de belles rondes sur le mur d'images ! C'était très agréable. Nous nous sommes tous beaucoup amusés, même si, après coup, orange a censuré presque toutes nos images - alors que les images autrement plus "hot" et même à la limite de la pornographie, passaient sans aucun problème !
Enfin, c'est une autre histoire. Mais ça rappellera de bons souvenirs aux anciens d'orange.

Parlons de Botéro... Vous l'imaginez sûrement en FA (ce terme, aux Etats-Unis, veut dire Fat Admirer, et concerne généralement les hommes friands de femmes rondes ou grosses). Mais pas du tout ! Il est marié avec une femme mince, sa famille est très bien proportionnée, et lui même ne sait pas expliquer pourquoi il est devenu incontournable dans le monde artistique en temps que "peintre des gros" !

Fragment de couvercle de sarcophage anthropoïde 350 av. JC Jeune femme en buste de Pierre-Narcisse Guérin

Ah qu'il était doux le temps où arborer un double menton était symbole de beauté et de sensualité !

Sumo de Vladimir Gavronsky

Savez-vous que les sumotoris, au Japon, sont de véritables dieux vivants ? Les midinettes et même les femmes plus âgées sont folles d'eux ! A chacun de leur passage, ils déclenchent une vague d'hystérie collective, des évanouissements dans la population féminine. Et tant mieux pour eux car ils dépassent rarement la cinquantaine, le coeur noyé par la graisse ... Ils le savent mais l'acceptent : pour être un dieu vivant, il faut bien faire quelques sacrifices.

Œuvre "Carne Cruda" de Karl Dupéré-Richer
 Quant à la laideur, le combat n'est pas gagné ! A s'il même commencé ? Qu'est-ce que la laideur ? C'est avoir une particularité physique qui choque, qui est hors norme ? Quels sont là aussi les critères de la laideur ? Et pourquoi certains artistes s'attachent-ils parfois à peindre ce qui - à priori - est sensé nous faire réagir négativement ?
Veulent-ils dénoncer ceux qui fuient la laideur ? Veulent-ils montrer que la laideur peut-être un sujet attachant ? Ce portrait de Quentin Metsys (15ème siècle), intitulé "la vieille femme" est sans doute celui qui se rapproche le plus de la laideur faite femme. Mais plus que le portrait d'une "moche", ce style de peinture s'apparente à la description du "grotesque".
Voici ce que dit "Le Web pédagogique" concernant cette toile ainsi que de la suivante intitulée "le mariage arrangé".


"
Metsys a toujours porté une attention particulière au contraste entre la beauté et la laideur. A cet égard, la caricature de la laideur, physique comme morale, est une leçon de morale du peintre. Certains historiens d’art estiment par exemple qu’à travers le portrait de la “Vieille femme”, Metsys s’inspire d’une leçon de son ami Erasme, tiré de l’Eloge de la Folie” et qui moque ces “vieilles femmes qui jouent la coquette avec leurs seins ridés”.( . . . )

"On peut retrouver dans le portrait des époux du mariage arrangé, cette leçon de morale et ce contraste entre laideur et beauté à tous les sens du terme, jeunesse et vieillesse, à travers une satire sociale."

"Le mariage arrangé"

"Vieille femme"

"Les mangeurs de pommes de terre" de Van Gogh

"Dessin d'une paysanne" de Van Gogh

L'aspect "grotesque" des "mangeurs de pommes de terre" de Van Gogh n'était pas une provocation de sa part et encore moins un mépris envers cette famille pauvre. Bien au contraire, il connaissait parfaitement ce milieu défavorisé puisqu'il avait été amené, au tout début de sa vie d'adulte, à travailler parmi cette population. Il était en quelque sorte un travailleur social. Il les a décrits comme il les a vus. Il refusait d'enjoliver la réalité. C'était un témoin important, il lui incombait de peindre leur vie car c'est ainsi qu'il continuait à les aider !

Couple de Rony Ben-Nachum

Mais il n'y a pas que les femmes qui peuvent être "à croquer" ... Tel ce " Couple de Rony Ben -Nachum " qui plus que "gros" ou "sensuel" est avachi ... On peut sourire car après quelques dizaines d'années de mariage, on rencontre souvent ce genre de couples ! Oh, c'est plus de la caricature qu'autre chose, mais je trouve que c'est bien vu ! On imagine bien la femme, acariâtre et autoritaire, bien campée sur ses deux jambes, et le mari, regardant les matchs de foot à la télé sur le canapé, avec une bonne bière la main ! Exactement comme le couple Bidochon ! ... Les célèbres Raymonde et Robert du dessinateur de génie Binet !


Si chacun s'accorde pour dire que Rodin a été un très grand artiste, un sculpteur extraordinaire, il ne semble pas que le doute subsiste non plus pour dire de lui qu'il n'était pas vraiment un homme prévenant et gentil envers les femmes...
Camille Claudel a payé cher son amour envers le "Maître". Non seulement elle est devenue folle et a terminé sa vie dans un asile, mais Rodin n'a jamais eu de scrupules pour l'abaisser plus bas que terre en tant que femme mais également en tant qu'artiste. Pourtant Camille avait toutes les capacités pour aller justement plus loin que le Maître, mais Rodin ne supportait pas qu'on lui fasse de l'ombre ! Et si, pendant très longtemps, l'histoire n'a retenu d'elle que sa folie et le nom de son prestigieux amant, désormais les historiens de l'art n'émettent aucun doute quant à son talent d'artiste.
Bref, Auguste Rodin n'a jamais été tendre avec les femmes. Et quand il décide de montrer la vieillesse, il choisit de sculpter une femme. Et pas n'importe quelle femme ; une femme qui fût belle et dont il montre - mais toujours avec talent - la déchéance de son corps flétri.
Cette oeuvre sculptée, vue ici sous différents angles, s'intitule "Celle qui fut la belle Heaulmière". Ce titre vient d'un texte de Villon (15ème siècle) et parle d'une vieille femme qui regrette le temps de sa beauté, trop vite passé. C'est sous la forme d'un monologue que celle qui fût la belle Heaulmière décrit avec précision sa beauté de jadis et sa décrépitude advenue. Cette femme qui a inspiré ce beau texte à Villon et cette belle oeuvre à Rodin a réellement existé. Sa beauté était célèbre à Paris.
Mais heureusement, il y a d'autres artistes qui ne marquent pas aussi nettement la frontière ténue entre la beauté et la laideur.
Aussi ai-je laissé non pas le mot de la fin, mais les oeuvres de la fin à Pablo Picasso. Car - comment dire cela ? - il n'y a jamais eu son pareil pour gommer complètement la différence entre beauté et laideur. Il a su rendre beau ce qui aurait pu être laid, et laid ce qui aurait pu être beau. Mais en fait le "jugement" ne vient pas de lui, l'artiste ... Il vient de nous qui regardons ses oeuvres. Il y a ceux qui aiment Picasso et ceux qui n'aiment pas Picasso. Quant à moi, je ne vois ni beauté ni laideur dans les quatre derniers portraits de femme de l'artiste. Non, c'est mieux que cela, j'y vois de l'Amour, beaucoup d'Amour, et un grand respect pour La Femme. Merci à toi l'Artiste !