bleumarie

samedi 28 août 2010

Femme à la fenêtre, fil rouge de ce blog


Photo Marie B.

Une histoire de femme, tout simplement....

C'est l'histoire de cette femme. Elle approche doucement de la cinquantaine mais refuse encore d'y croire. Cette femme a passé 27 ans de sa vie a être une maman. Depuis un magnifique jour d'août 1983 où elle a su qu'une petite vie était en train de s'épanouir dans son ventre.
Photographie de Didier Massé

Cette petite vie est sa fille qui a maintenant 26 ans, qui est déjà partie loin pour vivre sa vie d'adulte... mais pas trop loin quand même, à moins de 2 heures de route. Mais dès la mi-septembre, c'est à l'autre bout de l'Hexagone, à Strasbourg, que va vivre sa fille...
Elle a aussi un fils, qui vient tout juste de fêter ses 20 ans. Jusqu'à présent, il était toujours avec elle. Il allait à la fac de Perpignan, faire des études de droit.
Mais le 4 septembre, il part. Dans une plus grande ville, avec une faculté de droit bien mieux cotée... mais elle pense que c'est trop loin. Elle ne dit rien, mais elle pense que oui, Bordeaux est beaucoup trop loin...
C'est l'histoire ordinaire d'une femme ordinaire, qui a élevé seule ses deux enfants, avec un travail d'enseignante qui lui permettait d'avoir toujours ses vacances avec eux.
C'était hier, ils étaient trois, ils étaient heureux, elle les couvait toujours un peu trop, mais elle trouvait cela naturel.




C'est l'histoire ordinaire d'une maman qui sait bien, parce qu'on lui a répété si souvent - et avant même qu'elle soit maman - qu'on ne fait pas des enfants pour soi. Qu'il est normal que les enfants deviennent adultes et s'envolent du nid.
Sa tête sait cela. Mais son cœur n'a pas d'oreilles et il n'a jamais entendu ces phrases là. Alors, il souffre son cœur.
Que sait-elle faire d'autre qu'être maman ?
Son métier d'institutrice ? Sans doute, mais elle ne travaille plus. Elle est malade depuis plus de huit ans maintenant.
 Inapte au travail... Inapte à l'amitié : les seules amies qu'elle a sont ses meilleures amies de lycée pour l'une et d'Université pour l'autre. Et elles aussi sont loin, Normandie et région parisienne.
Elle a bien un homme dans sa vie, mais elle ne veut pas vivre avec lui. Lui imposer sa maladie au jour le jour ? Non ! Et puis elle est persuadée que les hommes et les femmes ne devraient pas vivre ensemble et que c'est le pire "tue-l'amour" qui soit.
Durant huit ans, elle en a fait des séjours dans les hôpitaux, les centres de rééducation... Sur huit ans, elle a vaguement calculé qu'elle y a passé deux ans.
Et bientôt elle y retourne, à l'hôpital. Le 13 septembre. Quelle ironie, elle sera hospitalisée à Montpellier, là où sa fille habitait avant de partir en Alsace !
C'est une chronique bien ordinaire que je vous raconte là. Et il y a tellement pire comme situation !
Elle en est consciente bien sûr, elle ne veut pas inspirer la pitié. Elle raconte sa vie, sa peur de l'avenir, son questionnement ...
Pourquoi raconter cette histoire si banale ? Peut-être parce que dans sa vie, il y a tout de même quelque chose de positif. Ce sont ses amis virtuels, ceux là même qui viendront lire son texte. Il y en a avec lesquels elle a longtemps parlé au téléphone, pas pour se plaindre ; pour parler de tout et de rien, pour rire un peu, sourire beaucoup et trouver un peu de légèreté à sa vie.
... Sa vie si banale, la vie de Madame "Tout-le-Monde"...

 Texte et photos (sauf "grossesse") de Marie B.

Photographies d'enfance par Didier Massé
(dont je vous parlerais très prochainement)

Tendresse
Charly
Voiliers
Petite fille perdue au carnaval
Toutes ces photographies sont sous copyright, 
merci de ne pas les utiliser 
sans l'accord de leur auteur, ainsi que pour le texte.

mardi 3 août 2010

Il était une fois...


Je suis revenue mais cependant, je ne parviens pas à me réinsérer dans ma vie d'avant. Durant ces huit mois de rééducation, il s'est passé beaucoup de choses mais le temps était aussi comme suspendu.
On aurait dit que j'étais dans une bulle intemporelle. Je progressais tellement lentement vers le retour de la station debout, puis de la marche, que je n'imaginais pas qu'ailleurs la vie quotidienne s'écoulait pour tous.
Ce n'était pas un excès d'égoïsme, mais je devais me concentrer, rassembler toutes mes forces pour faire ces minuscules progrès qui m'ont amenée à pouvoir sortir du centre de rééducation.
Ainsi je suis sortie. Chancelante, faible, et totalement déboussolée d'avoir passé tout ce temps en vase clos.
C'est difficile de se réhabituer à vivre dans son environnement quand tant de temps et tant de choses se sont passés.
Je lisais tous vos commentaires, j'y trouvais du réconfort, mais je ne parvenais pas à aller vers vous.
Et ce qui est vrai dans le virtuel l'était aussi dans la réalité.
J'étais à nouveau dans une bulle où mon quotidien n'était rythmé que par les trois rendez-vous hebdomadaires chez mon kiné, et mes rendez-vous chez les médecins de temps à autre.
Et enfin le temps des vacances est arrivé. Je suis partie deux semaines en location en bord de mer, toute seule et c'était vraiment un sacré challenge ! Je n'étais pas sûre d'y parvenir. Mais beaucoup d'efforts, de souffrance aussi, m'ont permis d'aller de l'avant, à mon rythme. J'avais mon appareil photo avec moi et c'est l'envie de ramener de belles photos qui m'a conduite de plus en plus loin, marchant avec une béquille mais marchant quand même !



 Après beaucoup de douleurs jusqu'au milieu de la première semaine, j'ai commencé à aller mieux. J'ai pu diminuer la morphine. Je me levais avant le soleil pour pouvoir le photographier quand il apparaissait à l'horizon.
Ensuite, j'étais la première sur la plage, aux environs de 8 heures du matin. Je me baignais dans une mer d'huile et j'ai enfin retrouvé de la sérénité.
Bref, j'ai fait un long voyage et j'étais incapable jusqu'à maintenant de m'ouvrir à vous de ces soucis intimes. C'était mon secret mais j'ai décidé de le partager avec vous, pour que vous me compreniez...


 Je vous offre quelques-unes de mes photos de mes quinze jours au bord de la mer. Quand je pense à l'émotion que je ressentais le matin, en me levant avant l'aurore, je parviens à rester sereine.
Et ça, j'en ai besoin plus que tout.
Merci à tous pour vos commentaires. Au moins, je sais que j'ai continué d'exister ici, pendant que mon corps endurait la souffrance ailleurs, bien loin d'ici (géographiquement et psychiquement).
Prenez soin de vous. La santé est vraiment un trésor, de la santé découlent toutes les belles choses de la vie.




Bleumarie
Toutes les photographies de cet article 
sont de Marie B. et sous copyright.
Merci de ne pas les "emprunter" sans mon autorisation.