bleumarie

dimanche 24 octobre 2010

L'histoire de la boîte au pélican avec des dents


Il y a parfois des histoires belles, un peu étranges, auxquelles on ne s'attend pas. Et j'aimerai vous conter celle qui m'est arrivée.
Comme vous le savez peut-être, je me consacre de plus en plus à la photographie. Mais étant très souvent dans l'impossibilité de me promener pour photographier ce qui m'entoure, j'ai pris la décision de prendre comme sujet des objets qui me tiennent à cœur. J'aime beaucoup les oiseaux, comme mon tatouage sur le bras tend à le prouver. Et je me suis rendue compte que chez moi, j'ai beaucoup d'objets décorés d'un ou de plusieurs oiseaux.
La plupart de ces objets sont des boîtes. Des grandes, (comme des boîtes à Panettone, ce gâteau d'origine italienne que nous mangeons traditionnellement le matin de Noël) des moyennes (faites par mon frère pour des anniversaires) et des petites boîtes dans le style des piluliers.
J'ai aussi des vases, des assiettes.... et partout des oiseaux.
Du coup, piquée au jeu, j'ai commencé à regarder sur ebay pour rechercher ce qui pouvait exister dans le genre d'objets décorés avec des oiseaux (dans mes prix, c'est-à-dire à budget très modeste).
Et j'ai trouvé ça :



Alors bien sûr, là, vous voyez ma propre photo. Lorsque j'ai vu l'objet en question, voilà comme il était présenté :


Oui, l'effet n'est pas tout à fait le même,
n'est-ce pas ? Ceci est sans conteste dû à mon talent de photographe....


Bref, j'ai un peu hésité et puis comme la boîte ne coûtait que 8 euros, j'ai enchéri en me disant que si quelqu'un surenchérissait sur moi, je laisserai tomber l'affaire.
Mais il était dit que cette boîte devait m'appartenir. J'ai donc payé puis reçu mon achat quelques jours plus tard.

Mais quelle surprise ! Tout d'abord, cette boîte est en liège, ce qui n'est pas vraiment commun. Et, même si des efforts maladroits ont voulu "rajeunir" l'objet en le peignant (les traces de peinture sont beaucoup plus visibles sur les photographies que dans la réalité), il semble vraiment ancien. Et les éléments sculptés sont vraiment étonnants, un peu effrayants aussi.
Il y a bien entendu ce très curieux pélican avec des dents, mais voici des photographies de détails se trouvant sur le couvercle ou sur les côtés de la boîte.


Sur le dessus, côté gauche
    
Sur le dessus, en haut

Sur le dessus, à droite mais normalement tête en bas

Sur l'un des côtés

Sur l'un des côtés

Sur l'un des côtés

Sur l'un des côtés

Intérieur, sous le couvercle

Détail de la photo sous le couvercle, à l'intérieur

Intérieur tissu

Détail du "pélican à dents"

Sous le couvercle,une signature et une date : 1915

Personnellement, je regrette ce qui a été fait, visiblement assez récemment, à l'intérieur de cette boîte.
Mais peut-être la photographie évoquera t-elle chez vous l'idée d'un pays ? Ce pourrait être une première piste.
Car bien sûr, l'objet me fascine et me questionne. J'ai interrogé la personne qui m'a vendu la boîte sur ebay. Mais la piste ne remonte pas bien loin, elle l'a elle-même achetée lors d'un vide-grenier à Nice.
Alors j'ai cherché "oiseau à dents" sur google. Curieusement, j'ai trouvé une image d'une similitude troublante.

Cet oiseau est un Pelagornis chilensis, un oiseau à "dents osseuses ". C'est bien entendu un dinosaure appartenant à la famille des Pelagornithidae, qui se compose de grands oiseaux marins dont la caractéristique remarquable est le bec long et mince doté d’excroissances - ou épines osseuses- formant de pseudo-dents.  Ces "dents" auraient probablement été utilisées pour la capture des proies glissantes dans l'océan, comme les poissons, et de calmars.

Ce n'est pas tout à fait ce que j'espérais trouver. Je m'attendais à avoir des résultats dans la mythologie, qui m'auraient peut-être indiqué la provenance de la boîte ; mais non. Le mystère reste entier. Quelle est donc l'origine de cet objet ? Pourquoi dessiner un dinosaure sur une boîte qui semble ancienne ? Et les autres "décorations", la chauve-souris, l'insecte à tête humaine, le visage aux grandes oreilles ?
Bref, n'hésitez pas à me donner votre avis, cela me ravirait d'en apprendre davantage sur mon acquisition.

Mais ma recherche ne fût pas vaine. J'ai trouvé, en cherchant à "pélican avec des dents", ce magnifique poème d'Alfred de Musset.
J'avais envie de le partager avec vous... pour me faire un peu pardonner de n'avoir jamais le temps de venir sur vos blogs vous saluer comme il se doit, vous remercier de votre fidélité.
A tous bon dimanche, et pour certain(e)s veinard(e)s, bonnes vacances de la Toussaint.


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Le Pélican d'Alfred de Musset

Quel que soit le souci que ta jeunesse endure,
Laisse-la s'élargir, cette sainte blessure
Que les noirs séraphins t'ont faite au fond du cœur:
Rien ne nous rend si grands qu'une grande douleur.
Mais, pour en être atteint, ne crois pas, ô poète,
Que ta voix ici-bas doive rester muette.
Les plus désespérés sont les chants les plus beaux,
Et j'en sais d'immortels qui sont de purs sanglots.

Lorsque le pélican, lassé-d'un long voyage,
Dans les brouillards du soir retourne à ses roseaux,
Ses petits affamés courent sur le rivage
En le voyant au loin s'abattre sur les eaux.
Déjà, croyant saisir et partager leur proie,
Ils courent à leur père avec des cris de joie
En secouant leurs becs sur leurs goitres hideux.

Lui, gagnant à pas lents une roche élevée,
De son aile pendante abritant sa couvée,
Pêcheur mélancolique, il regarde les cieux.
Le sang coule à longs flots de sa poitrine ouverte;
En vain il a des mers fouillé la profondeur;
L'océan était vide et la plage déserte;
Pour toute nourriture il apporte son cœur.

Sombre et silencieux, étendu sur la pierre
Partageant à ses fils ses entrailles de père,
Dans son amour sublime il berce sa douleur,
Et, regardant couler sa sanglante mamelle,
Sur son festin de mort il s'affaisse et chancelle,
Ivre de volupté, de tendresse et d'horreur.

Mais parfois, au milieu du divin sacrifice,
Fatigué de mourir dans un trop long supplice,
Il craint que ses enfants ne le laissent vivant,
Alors il se soulève, ouvre son aile au vent,
Et, se frappant le cœur avec un cri sauvage,
Il pousse dans la nuit un si funèbre adieu,
Que les oiseaux des mers désertent le rivage,
Et que le voyageur attardé sur la plage,
Sentant passer la mort, se recommande à Dieu.

Poète, c'est ainsi que font les grands poètes.
Ils laissent s'égayer ceux qui vivent un temps;
Mais les festins humains qu'ils servent à leurs fêtes
Ressemblent la plupart à ceux des pélicans.

Quand ils parlent ainsi d'espérances trompées,
De tristesse et d'oubli, d'amour et de malheur,
Ce n'est pas un concert à dilater le cœur.
Leurs déclamations sont comme des épées:
Elles tracent dans l'air un cercle éblouissant,
Mais il y pend toujours quelque goutte de sang.”

Alfred de Musset (1810 - 1857) - La Nuit de mai (extrait)

 

La plupart des photographies sont personnelles et donc sous copyright, ainsi que le texte de mon article. Ceci est une propriété intellectuelle. Si vous désirez utiliser l'un ou l'autre, merci de me demander l'autorisation préalable.

8 commentaires:

  1. Étrange boîte en effet et en l'ouvrant, tu as laissé filer ton imagination... (-;
    Je t'embrasse.
    Amitié.
    Pâquerette

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  2. Bonjour Marie,
    Ton histoire de cette boite au pélican est captivante, on se laisse bercé par tes mots et j'aime ta répresentation photographique de cette mystérieuse boite.
    Continues à nous transporter dans ton monde...j'adore!
    Didier,

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  3. Bonjour Bonjour
    quelle belle balade je viens de faire sur ton blog , je n'étais pas venu depuis longtemps c'est dans un sens ce qu'il y a de bien prendre le temps de parcourir les articles...
    amitiés toutes bleux

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  4. j'ai d'abord pensé à de la terre cuite... est-ce que la date ne serait pas un indice? les gros plans me font penser aux sculptures dans les églises. à une prochaine fois? comment vas-tu en ce moment?

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